Vendredi après-midi, j'ai retrouvé l'une de mes enseignantes à la station balnéaire Saint-Constantin-et-Hélène, située à une dizaine de kilomètres de Varna. Ma prof m'avait gentiment proposé de me faire visiter ce lieu, son monastère, ses bâtiments de loisir appartenant à diverses entreprises ou organismes publics (le principe étant que les employés peuvent se rendre à vil prix dans ces stations pendant leurs vacances) et sa nature encore un peu présente, à la différence des autres stations de la région, beaucoup plus bétonnées. Dans l'ensemble, ça ne change pas énormément de Varna, mais le cadre est peut-être un peu moins touristique et je comprends que les locaux préfèrent fuir la grande ville pour profiter plus tranquillement de "leur" littoral.
Samedi 30, je me suis rendu à Baltchik, autre station de la mer Noire surtout connue pour ses jardins botaniques et le palais de la reine Marie de Roumanie - la région ayant appartenu à la Roumanie entre 1913 et 1940 (mais brièvement occupée par la Bulgarie vers la fin de la Première guerre mondiale). Il y a aussi une station thermale de bains de boue, mais j'ai passé mon tour. S'y rendre était toute une aventure : le site de la gare routière de Varna indiquait, entre autres horaires, des départs à 8 h 30, 8 h 50 et 10 h 30. La gare routière étant à une demi-heure à pied de mon appartement (et je n'ai aucune confiance dans les bus, qui arrivent parfois avec dix minutes de retard sur l'horaire de l'affichage dynamique à l'arrêt), j'ai décidé d'y aller pour 8 h 30, en me disant que si je le ratais, il y aurait toujours celui de 8 h 50. Arrivé vers 8 h 20 à la gare routière, j'achète mon billet (un lev plus cher que ce qu'il y a sur le site) et la guichetière m'indique que le départ est à 9 h 30 au quai 1. Assez étonné de cet horaire en principe inexistant, je vais au quai 1, où le bus de 8 h 30 est en effet déjà plein : il s'agit en fait d'un minibus aux places assises en nombre bien défini, donc impossible de rajouter des voyageurs. Heureusement, j'avais un livre et j'ai pu méditer sur l'inédaquation des horaires du site internet à la réalité, sur le fait qu'un départ toutes les heures est somme toute plus logique que deux départs en vingt minutes suivis d'un trou d'une heure quarante, mais aussi sur le retour du Christ Rédempteur (papier aimablement distribué refourgué de force par une vieille dame à la gare routière). J'ai pu renseigner d'autres voyageurs aussi désemparés devant l'opacité des horaires que devant le calcul en base 60 ("À quelle heure est le départ ? - 9 h 30. - Et il est quelle heure ? - 8 h 45. - C'est dans combien de temps, le départ ? - Ben, 45 minutes..."). Peu avant 9 h 30, un bus est arrivé, avec un panonceau "Varna-Baltchik" sur le pare-brise. Le chauffeur est descendu, je me suis approché en tendant mon billet, il m'a fait signe de monter sans jeter le moindre regard sur le billet. Comme il n'y avait aucune mention des arrêts à bord, que j'étais assis à ma place, loin du chauffeur, que ce dernier s'arrêtait à des endroits dépourvus de panneaux ou de marquage au sol, et que j'avais lu que les jardins et le château étaient au bout d'une zone piétonne sans accès direct, je m'inquiétais un peu pour ma propre descente ; j'ai donc mis le GPS de mon téléphone et, quand j'ai vu qu'il s'arrêtait à 500 mètres, de mon but, je suis descendu et ai fini à pied.
Baltchik est fort sympathique et les jardins sont effectivement immenses (les deuxièmes plus grands d'Europe après ceux de Monaco). On y fait étape aussi pour la dégustation gratuite (enfin, comprise dans les 15 levs du billet) du vin de la reine Marie (je me suis abstenu de goûter la rakia de la reine Marie). Le palais lui-même est assez vite visité, mais on y trouve des explications géohistoriques sur la région de la Dobroudja du Sud, des tableaux bizarres et une idée de l'ameublement au temps de la reine Marie. Surtout, il offre une fraîcheur bienvenue dans cet été étouffant. Après la visite de l'ensemble palatino-jardinier, j'ai flâné sur la plage et me suis nourri de fruits de mer, puis ai décidé de rentrer. Le problème est que je n'avais pas vraiment idée ni de l'horaire, ni du lieu (ces choses étant peu fiables, comme on le vit naguère). Je me suis donc décidé à regagner à pied la gare routière de Baltchik, située bien plus en hauteur. Disons que cela m'a fait mon sport du jour. Heureusement, je n'ai pas eu à attendre aussi longtemps mon minibus pour le retour.
Le dimanche (dernier jour de juillet), j'ai souhaité explorer un peu la ville de Varna, que je n'avais pas encore bien visitée. Le matin, je me suis rendu aux thermes des IIe et IIIe siècles, dont il ne reste guère que l'idée générale du plan au sol. Le lieu reste fréquenté par les chats et les goélands.
Un peu plus tard, j'ai retrouvé une traductrice du Parlement originaire de Dobritch (à une cinquantaine de kilomètres de Varna) et nous avons regardé les stands de la foire du livre de Varna. L'après-midi, je suis allé au musée archéologique, particulièrement fameux pour son trésor en or du 5e millénaire avant notre ère, soit le plus ancien objet en or travaillé par l'homme connu à ce jour.